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Pierre-Marie : Bonjour à tous. Aujourd’hui, nous abordons le thème sensible des dérives sectaires liées à la religion. J’accueille de nouveau Bernadette Oudiné, présidente du CCMM AURA. Bernadette, quand on parle de dérives sectaires, on pense immédiatement aux religions.

Bernadette Oudiné : Bonjour. Oui, mais les religions n’arrivent qu’en deuxième position des signalements reçus par la Miviludes. Je rappelle que la liberté de croire ou de ne pas croire est un principe fondamental de notre République. Il n’est donc pas question de stigmatiser une religion a priori. Aucune religion – même les plus établies – n’est à l’abri. Souvent, c’est autour d’un leader charismatique que des déviances peuvent survenir.

Pierre-Marie : Avez-vous des exemples concrets de dérives à caractère religieux que vous avez rencontrés ?

Bernadette Oudiné : Oui,  je pense à  Damien. Ce jeune homme a été enrôlé dans une église qui a tenté de le baptiser et donc de le faire renoncer à sa religion d’origine. Damien s’est retrouvé très perturbé : il était écartelé entre sa famille et ce groupe religieux où il s’était fait des amis. Il suivait un traitement médical depuis des années et soudain il arrête de prendre son traitement, convaincu par leur discours que la prière seule le guérira. Sa santé s’est dégradée, il était en danger et il a fallu l’intervention d’un avocat.

Un autre exemple, c’est celui de Léna. Sa famille n’a plus aucune nouvelle d’elle depuis qu’elle s’est engagée dans une petite communauté monastique. Ses proches ignorent où elle se trouve et s’inquiètent pour sa santé. Heureusement, dans ce cas précis, l’institution religieuse officielle a pu être alertée et a contribué à faire bouger les choses.

Il faut savoir aussi que les jeunes étudiants en quête de sens constituent des cibles pour des mouvements internationaux, dont beaucoup ont leurs sièges et banques sur le continent américain ou en Asie. Ces jeunes sont incités à consacrer un temps considérable à l’étude de textes religieux, à des pratiques et à des prières, au point qu’ils finissent par abandonner leurs études. Nous avons vu le cas d’un étudiant en quatrième année d’université qui a tout quitté du jour au lendemain pour se consacrer à un mouvement religieux de type « megachurch », avec des rassemblements géants et une emprise énorme sur ses adeptes.

Pierre-Marie : Face à ces situations que peuvent faire les proches ? Comment réagir ?

Bernadette Oudiné : Le plus difficile, c’est d’abord de maintenir le dialogue sans jamais attaquer frontalement les croyances de la personne, l’encourager à exprimer ce ce qu’elle recherche. Les proches ont tout intérêt à se renseigner autant que possible sur le mouvement. Par leurs questions ils peuvent faire réfléchir leur proche et même  le faire commencer à douter Il est aussi important de lui rappeler leur attachement à lui,  leur souffrance affective, et leur soutien.