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Pierre-Marie : Bonjour. Nous allons nous intéresser aujourd’hui aux formations. Bernadette Oudiné, présidente du CCMM AURA, est avec nous. Bernadette, de quoi s’agit-il exactement ?

Bernadette Oudiné : Bonjour Pierre-Marie. En fait ce sont des arnaques. Le cas de Lydie illustre parfaitement cette problématique. Lydie tenait un petit salon d’esthéticienne qui marchait plutôt bien. Un jour, elle voit une publicité l’incitant à devenir « coach en bien-être ». La promesse est alléchante, elle se laisse happer, enchaîne des formations très onéreuses, où on lui enseigne des techniques de massage et des pratiques aux noms pseudo-scientifiques – on lui parle de méthodes « quantiques » ou autres termes obscurs. En peu de temps, Lydie dépense énormément d’argent pour ces stages. Pour rentabiliser ses dépenses, munie d’un prétendu diplôme, elle s’improvise à son tour formatrice. Sans en prendre conscience, elle fait vivre une vaste organisation internationale qui s’enrichit non seulement via les formations, mais aussi en vendant des produits alimentaires et cosmétiques. Lydie est à la fois victime du système et complice malgré elle. Elle véhicule désormais autour d’elle des techniques qui n’ont aucune reconnaissance scientifique – qu’il s’agisse de soigner avec des pierres ou des couleurs, ou de conseiller des produits parfois dangereux.

Pierre-Marie : Cela montre comment une professionnelle sérieuse peut se laisser embrigader. D’autres profils, même très formés, peuvent tomber dans le piège, n’est-ce pas ?

Bernadette Oudiné : Absolument. Dans le même ordre d’idées, la presse a récemment relaté l’histoire d’un jeune informaticien qui s’est fait piéger par une formation aux crypto-monnaies malgré son expertise technique. Il faut mentionner aussi l’attrait que ces promesses exercent sur les adolescents : beaucoup sont sensibles à l’idée de gagner de l’argent facilement en tradant sur internet. Nous avons été contactés par un éducateur démuni face à un adolescent qu’il suivait : le jeune passait tout son temps sur internet en se voyant déjà devenir expert en cryptomonnaie. C’est très préoccupant.

Autre dérive inquiétante : de plus en plus de personnes, après quelques week-ends de stage, se présentent comme psychopraticiens et ouvrent un cabinet de consultation. Or sans formation sérieuse ils peuvent faire de réels dégâts sur des clients qui auraient en réalité besoin d’un suivi par de vrais professionnels de santé mentale dûment diplômés.

Pierre-Marie : que faire ? Comment éviter de tomber dans ces pièges ?

Bernadette Oudiné : Il faut sensibiliser le public : rappeler qu’on n’acquiert pas une expertise en trois jours, ni même avec une formation longue mais dispensée par des formateurs non qualifiés. Rappelons qu’un véritable professionnel de santé a une immatriculation officielle et des références vérifiables. En un mot, il faut s’assurer du sérieux des formations et ne pas se laisser éblouir par le discours marketing.