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Pierre-Marie : Bonjour à tous. Pour notre dernière chronique de cette série Bernadette Oudiné, présidente du CCMM AURA, qu’avez-vous choisi de nous présenter ?

Bernadette Oudiné : Bonjour. Nous souhaitons aujourd’hui attirer l’attention sur la séduction de la pensée New Age, notamment auprès des jeunes. Réactivé dans les années 1960, ce mouvement ambitionne de construire un « monde nouveau ». Sa doctrine est un mélange d’ésotérisme occidental, d’emprunts à des religions et philosophies d’Asie, le tout combiné à l’exaltation de l’expérience personnelle. Il y a aussi un fort attrait pour un retour à la nature et la promesse d’une spiritualité plus libre. Dans le contexte actuel, où beaucoup de jeunes traversent une crise de repères, l’idéal New Age peut sembler répondre à leur quête de sens : on y parle écologie, paix intérieure, connaissance de soi, accès à un « divin intérieur ». Cette idée d’un monde meilleur à bâtir repose sur des changements intérieurs de chaque individu. La priorité n’est pas l’aide à autrui mais la transformation de soi. Cette façon de penser a inspiré de nombreuses dérives.autour du soin et du bien-être avec des néo-chamans, des jeûnes purificateurs, des séances de méditation prometteuses. Cette mouvance encourage souvent à se détourner de la science et de la médecine au profit de croyances ésotériques On propose par exemple de communiquer avec des entités spirituelles – anges, esprits de la nature, voire extraterrestres ; le rejet du progrès scientifique s’accompagne souvent d’un discours anti-système proche du complotisme

Pierre-Marie : Internet joue un rôle important dans la diffusion de ces idées, non ?

Bernadette Oudiné : Absolument. Les pages web de certains thérapeutes autoproclamés se ressemblent toutes : de jolis papillons, des couleurs pastel pour symboliser la paix. Et surtout, un vocabulaire pseudo-scientifique. Ces gourous promettent l’épanouissement le parfait équilibre intérieur, la découverte du « vrai soi », l’accès à un pouvoir illimité… Ils flattent leur public en lui disant que chacun a en lui un potentiel extraordinaire, qu’il peut s’auto-guérir et réussir tout ce qu’il entreprend. Des termes pseudo-spirituels comme « voyage intérieur » font miroiter une expérience mystique. Le ou la thérapeute se présente souvent comme quelqu’un qui, après une révélation soudaine, s’est formé et a inventé une méthode révolutionnaire. Bien entendu les faux témoignages élogieux font partie de l’arsenal.

Pierre-Marie : Ces offres inspirées du New Age peuvent donc cacher de vrais dangers. Quel conseildonneriez-vous aux auditeurs, et peut-être particulièrement aux jeunes ?

Bernadette Oudiné : Nous avons tous envie de croire en la magie, en un pouvoir caché qui ferait de nous des êtres supérieurs.  Il n’est pas interdit d’explorer de nouvelles voies, mais il faut savoir rester critique et ancré dans le réel : face à un problème de santé, faire confiance à la médecine et à la science. Face à un mal-être ou un état dépressif se faire aider par des professionnels qualifiés. Bref, garder toujours une part de vigilance et de bon sens.

Pierre-Marie : Un grand merci Bernadette pour cet éclairage sur le New Age et ses dérives. Voilà qui conclut notre série de chroniques. Cette chronique bénéficie du soutien de la préfecture et de la Miviludes.